Effort sportif: comment déjouer la paresse de notre cerveau?

Vous avez déjà remarqué comme notre cerveau est doué de créativité pour nous décourager de produire un effort? Il cherche sans cesse à prendre le chemin de la facilité. Quand il est en situation d’effort sportif, il peut redoubler d’imagination pour nous convaincre d’arrêter. Essayons de comprendre ce qui se passe et comment déjouer ses petits tours.

Notre cerveau, un vrai paresseux!

C’est une des grandes caractéristiques humaines, nous choisissons toujours la solution de la facilité quel que soit le type d’activité. Réfléchissez bien à votre journée d’hier et identifiez le nombre de fois où vous avez fait un choix par facilité. Par exemple, en se garant le plus près possible de l’école du petit ou de la boulangerie, prenant l’encenseur au lieu de l’escalier ou encore en identifiant une manière plus facile de faire votre travail. Oui, nous cherchons en permanence à nous faciliter la vie. Nous sommes des « paresseux ».

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C’est une des bases du commerce d’aujourd’hui. La grande majorité des produits et services sont créés pour nous faciliter la vie. Du téléphone au supermarché en passant par les plats préparés et l’invention de la télécommande TV. Même Nike essaie de nous faire croire que sa chaussure Vaporfly peut nous faire courir plus vite….

La facilité, autrement dit la diminution d’effort pour un même résultat, nous tend les bras au quotidien dans tous les domaines. En sport, c’est exactement la même chose. Combien de fois, n’êtes-vous pas allé vous entraîner alors que vous étiez super motivé? Votre cerveau et son inventivité sont passés par là et vous ont mis des arguments (parfois drôles) en tête: j’irai demain, j’ai un peu mal au genou, je dois encore sortir les poubelles, mieux vaut reposer mes pieds, y a foot à la TV etc…

Bien sûr, nous ne le faisons pas consciemment, tout se passe dans la tête. C’est notre cerveau qui donne instruction de trouver la solution la moins fatigante possible. Il fait cela car il a une idée derrière la tête. Mais laquelle? Nous allons la découvrir tout de suite.

Rassurez-vous, ce n’est pas de votre faute

Ouf! Vous pouvez déculpabiliser, vous n’êtes pas responsable. Chercher la facilité fait partie de la nature humaine. Je sentais votre moral sombrer mais là il va repartir à la hausse.

Ce phénomène s’appelle « le paradoxe de l’exercice ». Il a été mis en évidence dans une étude réalisée par des neuropsychologues de l’université de Colombie Britannique au Canada. Que nous apprend-t-elle? Elle démontre que notre système nerveux nous pousse vers la facilité. Une des conclusions de l’étude est limpide « Notre cerveau est naturellement attiré par les comportements sédentaires ». Voilà qui explique pourquoi on préfère lézarder dans le divan plutôt que d’aller courir, c’est notre nature humaine profonde.

Résumé des résultats de l’étude dans cette video (en anglais)

Il y a pire. Nous sommes poussés vers la facilité tout en étant conscient que ce n’est pas bon pour nous. C’est pour cela que l’étude parle de « Paradoxe ». D’une part, notre cerveau nous pousse à être fainéant et, d’autre part, nous savons parfaitement que ce n’est pas ce que nous devrions faire.

L’explication souvent avancée serait liée à notre passé sur terre. La vie de l’Homme a longtemps été beaucoup plus dure que celle de notre époque moderne. Il a dû chasser pour manger, se battre pour protéger les siens, travailler dur dans les champs pour assurer sa survie etc. Cela a marqué notre patrimoine génétique. Aujourd’hui tout est devenu plus facile mais le cerveau a gardé les traces des efforts nécessaire en mémoire. Il se dit un truc du genre « Je vais économiser de l’énergie, on ne sait jamais si je devais à nouveau me mettre à chasser pour trouver le dîner ».

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Voilà, vous avez compris le mécanisme. Le cerveau veut économiser notre énergie. Passionnant, non?

En prenant conscience de ce mécanisme, on peut aussi mettre en place des stratégies pour lutter contre notre « fainéantise naturelle ».

Comment dompter votre mental?

L’étude dont je parlais plus haut ne donne pas de solutions pour lutter contre notre envie de lézarder. Pour cela, il faut se tourner vers d’autres mécanismes liés à la gestion de la motivation.

Les champions de courses d’ultra endurance ont un terme pour désigner le moment où le cerveau commence à envoyer des signaux pour éviter ou arrêter un effort physique. Oui, eux aussi ont leurs moments de faiblesse. Ils appellent cela « mettre le clignotant ». Cela correspond au moment où ils abandonnent face à une difficulté et se mettent sur le côté. En lisant les récits de course de grands champions, on réalise qu’ils sont eux aussi régulièrement soumis à cet appel « du clignotant ». Pour cause de blessure, douleur, méforme ou autre. La plupart du temps, ils résistent et poursuivent leur chemin.

En 2016, l’ultra-trailer Ludovic Pommeret est sujet à d’importants maux de ventre pendant l’UTMB. Il est alors en 50e position et s’accroche (son médecin lui recommande de s’arrêter mais il ne veut rien entendre). Les douleurs finissent par passer et il entame une remontée folle pendant la nuit.

L. Pommeret - Vainqueur UTMB 2016

Il finira par gagner l’UTMB. On imagine que le clignotant a dû se manifester plusieurs fois mais il a tenu bon. La ténacité est clairement une des grandes qualités des Champions.

Voici donc quelques techniques pour pouvoir résister à votre cerveau lorsqu’il vous invite gentiment à lézarder.

1/ Garder son objectif en tête

C’est probablement le moyen le plus efficace de lutter contre l’envie de ne pas produire un effort ou de l’écourter. Bien se remettre en tête l’objectif que l’on poursuit. Si vous vous entraînez ou participez à une course, c’est que vous y trouvez quelque chose qui vous motive. C’est à cela qu’il faut penser. C’est le moment de le visualiser pour qu’il vous donne envie.

Que vous ayez envie de battre votre record perso, franchir la ligne d’arrivée d’une course en montagne, perdre du poids ou simplement envie de participer à votre première course, c’est à cette image qu’il faut se raccrocher. Une bonne technique consiste à créer une image mentale pour visualiser la scène de votre objectif. Imaginez-vous passant la ligne sous les applaudissements ou face à un miroir en constatant que vous avez bien maigri. Essayez, vous verrez, ça booste le mental.

2/ Faire reculer l’ennemis

Un autre moyen consiste à bloquer volontairement une pensée indésirable. C’est un peu ce que l’on fait quand on dit « Pensons à autre chose ». On va essayer de « charger » d’autres pensées afin de faire fuir celles qui nous dérangent ou dont nous savons qu’elles ne nous apportent rien de bon. La place occupée par les nouvelles pensées (plus positives) va empêcher le cerveau de poursuivre son travail de sape.

Ca marche assez bien quand on est stressé à propos de quelque chose de spécifique (boulot, belle-mère 😉 ou autres). En bloquant les pensées qui y sont liées et en se mettant en tête d’autres choses, le niveau de stress va diminuer. Désormais occupé à traiter ce que vous lui avez demandé le cerveau va vous lâcher la grappe et votre volonté s’en portera mieux.

Si vous manquez d’idées, lisez la suite de l’article, ça va vous aider.

3/ Penser à l’après

Pour moi, c’est une technique qui fonctionne hyper bien. Elle est simple et basée sur une émotion. Or, le cerveau adore les émotions et nous, nous aimons les ressentir. Pour comprendre comment ça marche, prenons un exemple.

Nous sommes dimanche après-midi. Le temps est pluvieux, gris et froid. Vous êtes bien au chaud dans son fauteuil devant un bon feu. Il en faudrait beaucoup pour vous déloger. Imaginons maintenant qu’on parvienne à vous convaincre d’aller faire une promenade (malgré le temps pourri). Vous chaussez péniblement vos bottes et enfilez une veste avant d’affronter la pluie. Sur le moment, ça donne un coup de frais et ça mouille (accessoirement, ça râle un peu…). Après une heure de promenade, en rentrant, et donc, en retrouvant la chaleur de votre salon, un sentiment de satisfaction et de bien-être vous envahit. Vous avez presque l’impression d’avoir fait un truc de dingue. Vous vous sentez bien et tonifié.

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(Credit photo: bruce mars on Unsplash)

On a tous déjà vécu une expérience qui ressemble à ça, non? Vous connaissez alors le sentiment et la satisfaction que cela procure.

En cas de coup de mou ou démotivation, penser à « l’après » va permettre de se projeter dans un sentiment positif. La prochaine fois que vous n’aurez pas envie d’aller courir parce que votre cerveau essaie de vous convaincre de ne pas y aller, prenez quelques secondes pour penser à ce que vous avez ressenti les dernières fois que vous êtes allé vous entraîner. Il y a beaucoup de chance que ce soit des sentiments comme la satisfaction, le bien être, la motivation… Bref, des émotions positives que vous aimez ressentir.

En vous mettant en tête ces émotions, vous allez doper votre motivation. Si ça marche, il ne vous restera plus qu’à enfiler vos chaussures de running (si ça ne marche pas, je ne peux rien pour vous :-)).

Ces 3 techniques peuvent aider à vous motiver mais chacun de nous réagit différement. Vous allez donc devoir mettre votre technique personnelle au point.

Perso, j’utilise beaucoup la projection mentale de mon objectif. Pour me motiver, je m’imagine passer la ligne de départ ou d’arrivée des grandes courses que je rêve de faire. Et je peux vous dire que je les ai déjà franchies (mentalement) de nombreuses fois… Ces images me motivent vraiment.

(Si vous avez d’autres techniques efficaces ou des trucs à partager, faites-le en commentaire pour que tout le monde puisse en bénéficier).

A bientôt,

JP

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